LA FOI


LA FOI, LA RELIGION ET LA CROYANCE

Wilfred Cantrell Smith dans « The meaning and end of Religion” propose une première distinction entre foi et religion:

Il parle des religions comme des traditions cumulatives, il suggère de voir ces traditions cumulatives comme toutes les expressions de la foi des personnes du passé, cela inclut les récits, les mythes, les prophéties, les comptes-rendus le la révélation; cela peut aussi inclure les symboles visuels ou non, les traditions orales, les danses, les enseignements éthiques, les théologies, les confessions de foi, les rites, les liturgies, l'architecture ainsi qu'un grand nombre d'autres élément.

Comme une galerie d'art, une tradition cumulative vivante intéresse nos contemporains et devient ce que Smith appelle « la cause mondaine » qui réveille la foi.

La foi, qui est plus profonde et plus personnelle que la religion, est la manière dont la personne répond aux valeurs transcendantes et à la puissance telle qu'elle l'a perçue au moyen des formes de la tradition cumulative.

La foi et la religion, de ce point de vue, sont dynamiques et réciproques, chacune grandit ou est renouvelée en interaction avec l'autre.

La tradition cumulative est renouvelée de manière sélective et son contenu est capable de réveiller et de former la foi des nouvelles générations.. Comme ces éléments deviennent significatifs de la foi de nouveaux adhérents, la tradition s'étend, se modifie et gagne de la vitalité.

C'est là la situation idéale. Mais un observateur astucieux fera remarquer que la relation entre la foi et la religion est très problématique aujourd'hui. « La foi doit être religieuse ».

En fait - les affres de la foi se forment et se maintiennent chez des personnes qui n'ont pas d'accès utilisables à une tradition cumulative religieuse fiable.

La croyance est le « nous tenons à certaines idées ». La croyance, dans le domaine de la religion, est issue de nos efforts pour traduire nos expériences et nos relations à la transcendance (Dieu) par des concepts ou des propositions.

La croyance peut être une des manières dont la foi s'exprime. Mais on n'a pas la foi dans une proposition ou un concept. La Foi est une relation de confiance et de loyauté à la transcendance (Dieu) au sujet de laquelle nos concepts et nos propositions sont façonnés.

Dans les sens anciens le langage de la foi n'est pas ce qui correspond à notre terme moderne de croyance. Mieux, la foi implique un alignement du cœur, de la volonté; un engagement de la loyauté et de la confiance..

L'Hébreu (aman he'min) le Grec (pistuo, Pistis) et le latin (credo, credere) ne peuvent avoir pour sens leur sens moderne. Pour le Juif ou le Chrétien de l'antiquité dire « je crois qu'il y a un Dieu » ou « je crois que Dieu existe » aurait été étrange et absurde. L'existence de Dieu était considérée comme garantie et ce n'était pas un sujet de débat. Les anciens auraient dit : « Etant donné la réalité de Dieu comme un fait de l’univers, je proclame donc que j'y consacre ma vie, en faisant serment d'amour et de loyauté ».

Aujourd'hui ce serait plutôt « Etant donné l'incertitude que Dieu est incertain, c'est une donnée de la vie moderne, et les rapports de x, y, z déclarent que l'Idée de Dieu fait partie des mobiliers de sa pensée ».

C'est un glissement de sens qui est relié à un mouvement culturel plus vaste, on l'appelle « sécularisation », « désenchantement religieux » ou « modernité ».

Il a réduit la connaissance à ce qui est démontrable empiriquement, subordonné l'esthétique et l'éthique à ce qui marche, il en est venu à voir la foi comme une croyance ou un système de croyance et - dans ce qui passe pour de la tolérance ou de la compréhension - maintient une attitude de relativisme dogmatique en ce qui concerne la vérité ou la pertinence de tous ces « systèmes de croyances ».

C'est peut être un peu caricatural mais beaucoup de personnes religieuses ou croyantes ont accepté de réduire la foi à un accord donné à un « système de croyance ». C'est très visible quand des occidentaux rencontrent des gens d'une autre religion, la question « que croyez-vous ? » Signifie en fait « A quoi votre cœur est il consacré ? A quelle vision du monde et des relations avec les gens êtes-vous loyal? Quels sont vos espoirs et qu'est ce qui vous fait bouger et vous encourage à structurer votre vie ? »

Il y a un divorce entre toutes ces conceptions de la Foi et les conclusions que Smith propose sont :

1. la Foi, plus que la croyance ou la religion est une des catégories les plus fondamentales de la recherche de l'homme pour sa relation à la transcendance. La Foi est générique, une composante universelle de la vie humaine on peut la reconnaître au travers des contenus et des formes des pratiques religieuses et de croyance.

2. Toutes les traditions religieuses étudiées parlent de la foi et rendent apparent le même phénomène. Dans chaque cas la foi implique un alignement de la volonté, un repos du cœur, un accord avec une vision des valeurs transcendantes, une consécration ultime.

3. La Foi, comprise de manière classique n'est pas une dimension séparée de la vie, une spécificité bien compartimentée. La Foi est une orientation totale de la personne, qui donne un but et des objectifs ses espoirs, ses pensées et ses actions.

4. L'unité et la reconnaissance de la foi -en dépit des milliards de variantes de religions et de croyances - soutient la théorie de la relativité religieuse selon laquelle les religions et la foi qu'elles évoquent sont vues comme notre appréhension relative à ce qui est universel. Cette compréhension rejette le relativisme (l'idée que les affirmations religieuses et les expériences n'ont pas de sens au delà des bornes de la communauté qui les détient) et sert d'aiguillon pour poser la question de la vérité et l'étude de la foi.

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